~ Caisson à dépression atmosphérique
Le docteur Jules Crochet a créé le premier caisson à dépression atmosphérique pour le traitement des maladies des voies respiratoires, telles que la coqueluche ou l'asthme.
Il était secondé par son épouse Genevieve pour l'utilisation de cet appareil (années 1950).
Il prend l’initiative d’équiper Reims d’une station atmosphérique de traitement qui fut inaugurée par Pierre Schneiter, ministre de la Santé publique.
~ Publication
Les variations de l'équilibre endocrinien au cours des vols thérapeutiques
extrait de Médecine Aéronautique, tome 5, n° 1, 1er trimestre 1950
Les observations d'améliorations notables et souvent même de guérisons dans des affections diverses à la suite de vols en avion ne datent pas de ces dernières années, quoiqu'elles soient plus fréquentes dans la presse médicale actuelle.
Mon observation personnelle en est la preuve :
En 1930, j'avais contracté une angine phlegmoneuse au chevet d'un petit malade : celui-ci était mort d'accident embolique brutal. Je fis pendant plusieurs jours une série impressionnante d'infarctus pulmonaires avec température au-dessus de 41°. Cette phase aiguë fut suivie d'un état peut-être plus alarmant : température oscillant entre 37°5 et 38°, toux, expectoration, anorexie ; quatre mois après le début de l'affection, mon état général était marqué par une asthénie grave et un amaigrissement de plus de 25 kg.
A la suite d'une radiographie (constatation de petits nodules infectés) et d'une consultation à l'Hôpital Laënnec, mon départ en sanatorium fut envisagé. Je décidai alors de satisfaire au préalable un désir précis : apprendre à piloter alors qu'il m'était encore possible de le faire. Je débutai le lendemain, passant en outre commande d'un avion.
Résultat imprévu : mon état de santé se transforma en quelques jours et, après quelques semaines, ma guérison ne fit plus de doute. Je n'avais suivi aucun traitement, pris aucun médicament ; il était donc logique d'attribuer cet effet thérapeutique à la cure d'altitude que je subissais, comprenant sous ce terme l'altitude vraie et ses variations nombreuses au cours des vols.
Je devins convaincu que le vol avait une influence heureuse sur l'état général, sur certaines affections pulmonaires (j'ai toujours éliminé la tuberculose) ; je pensais que le séjour, même bref, mais répété, dans des zones de l'atmosphère où l'influence des microbes et poussières des couches basses était diminuée ou inexistante, devait donner des améliorations dans certaines affections à caractère allergique, et dès 1932, j'ai soumis très prudemment des coquelucheux et des asthmatiques (malades qui sont habituellement améliorés par le changement d'air) à la cure d'altitude avec des résultats variés, mais un pourcentage important de guérisons que j'ai cru honnête de faire connaître.
Depuis cette époque, je suis avec intérêt les nombreuses statistiques qui sont publiées concernant la thérapeutique de certaines affections par le vol en avion. J'accumule moi-même bien des observations, j'enregistre et discute les mécanismes d'action de la cure d'altitude en avion les plus souvent invoqués.
Or, il faut bien reconnaître que la plupart des suppositions faites pour expliquer la guérison des malades s'avèrent l'une après l'autre sans fondement sérieux. Et cependant on ne peut plus douter, malgré le scepticisme de certains de nos confrères, de l'efficacité d'une thérapeutique qui fait chaque jour ses preuves.
Un heureux concours de circonstances m'ayant fait connaître, en 1940, le Dr Ferrier et m'ayant permis de me spécialiser en endocrinologie, j'ai alors pensé qu'un effet thérapeutique aussi rapide que la guérison d'une coqueluche après un séjour de trois quarts d'heure en altitude devait être en relation avec des phénomènes de régulation endocrinienne ayant vraisemblablement une sécrétion hypophysaire comme point de départ.
Mais comment le prouver ? C'était pendant la guerre ; je ne disposais pas d'une documentation suffisante pour un travail de synthèse et aucune expérimentation n'était possible, faute de pouvoir voler.
Dès la Libération, une publicité marquée avait été faite concernant le traitement d'affections diverses par le vol, sans pour cela déclencher l'approbation médicale et une explication scientifique nette.
Cependant, de très nombreux cas de coqueluche étaient traités avec succès en caisson à dépression au Centre d'Etudes de Biologie Aéronautique. Les statistiques ont été publiées dans ce mode de traitement et les journaux de médecine aéronautique étrangers (surtout italiens) nous apportent des observations intéressantes.
Personnellement, m'étant entretenu de mes résultats et de mes convictions avec le directeur du Service de l'Aviation Légère et Sportive, et désirant remettre en activité l'organisation d'Aviation Sanitaire à laquelle je m'étais consacré avant guerre, il me fut prêté un avion « Fieseler Storch » pour me permettre d'essayer de préciser les facteurs agissant dans ces guérisons et déterminer les possibilités d'étendre la thérapeutique à d'autres affections.
Tout de suite se sont élevées des difficultés graves entravant une expérimentation sérieuse : prix de revient de l'heure de vol, conditions atmosphériques obligeant à reporter le traitement plusieurs fois de suite, crainte des accidents de la part des familles. Assurant le pilotage, par raison d'économie, mon rôle d'activité, les constatations faites renforçaient mes convictions ; j'acquis la certitude que la clef de voûte de la thérapeutique était la mise en jeu d'un facteur de régulation et de stimulation endocrinienne hypophyso-surrénale.
Le manque de laboratoire m'avait obligé à conduire mon travail en prenant pour méthode de traiter les affections susceptibles d'être influencées par des variations de cet équilibre endocrinien, en particulier par libération d'hormones cortico-surrénales, mal connues à cette époque mais dont on constatait et classifiait les actions :
– eu égard à l'amélioration du tonus général, j'ai soumis à la cure d'altitude en avion : asthénies postgrippales, suites d'angines, lassitude des professions sédentaires ;
– eu égard aux facteurs vitaminiques B1, C et métabolisme du chlore : vomissements de la grossesse, anorexies diverses ;
– au facteur auto-infectieux : coqueluche évidemment, rhinites, grippes (premières heures de la période d'état) ;
– à l'action sur le métabolisme de l'eau : énurésie ;
– dans le cadre de la régulation endocrino-sympathique : variation du métabolisme de base, irritabilité nerveuse, insomnie. Me basant sur l'élévation connue du taux des globules rouges et du pourcentage en hémoglobine, j'ai traité plusieurs anémies d'origines diverses.
Le hasard me fit observer, au cours d'un vol, la guérison instantanée et définitive d'un prurit médicamenteux dont était atteint mon mécanicien et, par contre, l'exagération intense d'un urticaire dont le sujet (ma fille aînée) a été libéré depuis deux ans à la suite de plusieurs vols, en même temps que de troubles digestifs entrant dans le cadre hypochlorhydrie.
Les résultats n'ont pas tous été probants, mais cette méthode de travail m'a permis de recueillir de nombreuses observations et d'affermir mes vues.
Le magnifique exposé du Dr Albeaux-Fernet sur le syndrome d'adaptation de Selye au cours de la première Semaine Endocrinologique (1948) m'a permis de faire une synthèse de toute cette expérimentation.
Depuis cette période, j'ai en outre à ma disposition un caisson à dépression construit par l'ingénieur Tardif et, à l'occasion de plusieurs centaines de traitements, j'ai pu pratiquer en série des examens en laboratoire. Je me suis alors rendu compte que les résultats concordent avec les modifications biologiques constatées dans le syndrome général d'adaptation de Selye, donnant ainsi une interprétation aux principales constatations cliniques : effets immédiats, guérison dans les jours qui suivent, nécessité de reprendre ou de suspendre le traitement. Nous retrouvons : syndrome d'alarme (shock et contreshock) ; syndrome d'adaptation (ébauche de maladies de l'adaptation), ceci limitant la recherche d'une action thérapeutique sans naturellement et heureusement atteindre la phase terminale d'épuisement.
L'effet thérapeutique principal est certainement déclenché par l'action de l'hormone hypophysaire corticosurrénalotrope A.C.T.H. La surrénale réagit en donnant des hormones, dont l'action cadre avec les modifications biologiques et cliniques observées sur les malades.
Prenons, par exemple, le cas de la coqueluche traitée par un séjour fictif de une demi-heure à 3 700 mètres dans le caisson à dépression. Dans les cas favorables, on observe la disparition de tous les symptômes en cinq jours, quelquefois même dans les heures qui suivent.
L'amélioration clinique générale est parfois tellement marquée immédiatement qu'elle peut être comparée à la réanimation d'un addisonien à la suite de l'injection de cortine ; mais cette amélioration est en général stable.
Quand elle se produit même au bout de 48 heures, laps de temps que je me suis fixé pour juger de l'effet thérapeutique, l'enfant a présenté au cours du traitement un syndrome de shock clinique qui fait dire à l'infirmière : « Celui-ci a réagi », ou, le soir même, ce sont les parents qui s'inquiètent de l'aggravation de l'état général, à tel point que nous les prévenons que ces symptômes doivent être considérés comme favorables.
La formule blanche du coquelucheux est marquée par une hyperleucocytose quelquefois très forte avec élévation du taux des lymphocytes. J'ai constaté que cette formule redevenait à peu près constamment normale dans les cas favorables ; donc disparition des lymphocytes, ce qui peut fort bien expliquer la guérison par l'augmentation de gamma-globulines mises en circulation dans le plasma et la libération d'anticorps. En corollaire de ces constatations et hypothèses, l'injection d'un vaccin spécifique anti-coquelucheux augmente immédiatement le taux des lymphocytes et il est remarquable que le pourcentage de guérisons est en général meilleur quand le début de la maladie est plus reculé et surtout quand l'enfant paraît plus gravement atteint. Nous avons pris l'habitude de répondre à la question « quand faut-il traiter ? » par « quand la maladie est nettement marquée », c'est-à-dire quand les anticorps spécifiques de Bordet-Gengou sont certainement existants et que nous aurons des chances de les mettre massivement en action.
Un autre élément de la formule dont je n'ai pu expliquer la cause, mais qui paraît constant, est l'augmentation du taux des éosinophiles en cas de répétition des séances de traitement, comme il a été quelquefois nécessaire chez certains nourrissons et surtout dans les cures d'asthmes infantiles. Cet élément rentrerait plutôt dans le cadre d'un syndrome d'adaptation que dans celui de la réaction d'alarme, agent thérapeutique.
Le taux des globules rouges est constamment augmenté, tout particulièrement chez les sujets déficitaires; la moyenne normale est quelquefois dépassée. C'est un phénomène connu dont les causes sont discutées ainsi que les variations de la valeur globulaire et du taux d'hémoglobine. On peut expliquer l'amélioration à peu près immédiate et constante des troubles digestifs par l'augmentation du chlore plasmatique libéré des globules rouges par diminution de la tension de C02 de l'air alvéolaire. On peut expliquer aussi la cessation des vomissements par mise en circulation de corticoïdes agissant comme la désoxycorticostérone chez l'addisonien, par modification du chlore globulaire et plasmatique et variation de l'équilibre calcium-potassium. Je n'ai cependant aucune preuve à apporter à ce sujet.
Les modifications du tissu cellulaire sous-cutané, dont les variantes sont frappantes (« à photographier », dit l'infirmière), sont certainement en rapport avec une suractivation fonctionnelle de la surrénale.
Quant à la disparition, en cours de traitement et en général définitive, de la bouffissure de la face, celle-ci réapparaissant si la guérison n'est pas obtenue, elle peut être en relation avec une variation de taux du cholestérol sanguin. Les examens pratiqués ne m'ont pas donné jusqu'ici de preuves suffisantes.
Dans le but d'éliminer le facteur déperdition d'eau, certaine cependant, il est à signaler un gonflement constant des pieds constaté par l'impossibilité de remettre les chaussures que l'on enlève aux enfants avant le traitement pour éviter le bruit lorsqu'ils frappent du pied les parois du caisson.
Procédant à des tests de contrôle de la voûte plantaire par la méthode de Ferrier, il paraît constant que le tonus ligamentaire est amélioré lorsque l'enfant se trouve dans la zone inférieure à 2 000 mètres, invariable ou diminué au-dessus, quelquefois nettement amélioré au retour à la pression normale : preuve de variation d'activité hypophysaire.
Au cours du syndrome général d'adaptation, on considère que l'augmentation importante de production d'hormone corticotrope inhibe la production des autres hormones : gonadotrope, lactogène, de croissance, etc. J'ai remarqué peu de réactions de ce genre. Nous acceptons jusqu'à ce jour dans le caisson, sans aucune arrière-pensée, les mamans qui allaitent, et cependant nous sommes persuadés de la valeur de l'allaitement maternel pour un enfant malade. Les personnes qui accompagnent les enfants ne signalent pas ou peu de troubles connus de carence en influx gonadotropiques. Mais, dans ce dernier cas, le « stress » est répété ou de longue durée.
Par contre, nous avons observé des déclenchements de croissance certains, constatés par mensuration et dont certaines douleurs au niveau des épiphyses de croissance peuvent être une manifestation ainsi que des poussées dentaires immédiates et sensationnelles.
L'augmentation de la tension artérielle est un phénomène connu. Nous n'avons pas remarqué d'aggravation des épistaxis légères, ni des hémorragies sous-conjonctivales chez les coquelucheux, bien au contraire peut-être.
Nous avons, dès l'altitude de 3 500 mètres, bien souvent remarqué que les enfants accusent un prurit de plus en plus vif au niveau de la peau de la face particulièrement. Ils tolèrent mal qu'on les effleure. Bien souvent apparaissent des plaques urticariennes chez les sujets prédisposés.
Dans un cadre tout différent, à basse altitude, la pratique du vol engendre une euphorie et, après un excès de travail intellectuel, détermine automatiquement une disparition de la fatigue et de l'asthénie, comparable aux effets thérapeutiques d'une cortine de synthèse.
La personne accompagnant l'enfant accuse parfois des douleurs plus ou moins vives d'oreilles. Bien souvent, une seconde séance, appréhendée, s'avère moins pénible, quelquefois sans manifestation douloureuse.
Est-il logique de penser à un ramonage à l'orifice de la trompe, à une adaptation particulièrement rapide aux manœuvres volontaires permettant le rétablissement d'une pression équilibrée dans la caisse du tympan, ou plutôt à une involution de tissus lymphoïdes déclenchée au niveau d'îlots aberrants, genre amygdale de Gerlach ? Ce qui pourrait être une explication à la guérison rapide de trois cas de rhinite spasmodique rebelles, qui nous ont été adressés par des confrères O.R.L.
À l'appui de ces considérations, il serait intéressant de citer les recherches faites dans les publications nouvelles des centres physiologiques de médecine aéronautique, nous donnant une documentation abondante.
Mais ces renseignements sont souvent difficiles à transposer, car ils ont trait de plus en plus à des constatations faites au cours ou à la suite d'ascensions réelles ou fictives à haute altitude (8, 10, 12 000 m), avec dénivellations souvent très rapides, quelquefois très brutales ou de longue durée, ces expérimentations étant faites pour étudier les réactions physiologiques de l'aviateur dans son travail qui l'oblige à se trouver dans des zones de l'atmosphère où la vie n'est plus possible sans artifice.
Dans les zones plus basses, l'adaptation est possible ; l'équilibre se trouve maintenu par des régulations diverses. La régulation hypophysocortico-surrénale n'est certainement pas la seule en jeu, mais nous considérons qu'elle est primordiale.
L'ionisation, dont les effets sont multipliés en dépression, intervient certainement, ainsi que d'autres facteurs coopérant au résultat final.
Quelle serait la nature du « stress » hypophysaire ?
II faut tout de suite éliminer l'effet psychique : nombreux sont les enfants en bas âge qui s'endorment en cours de traitement.
Dans le cas de vol réel, on pourrait penser aux effets du tangage et du roulis sur le système neuro-végétatif.
Ces effets n'entrent pas en jeu au caisson à dépression. Il en est de même des réactions dues aux accélérations. Cette discrimination ne peut être faite si l'on envisage l'altitude atteinte. Les variations de pression au niveau du tympan pourraient des excitations par conduction nerveuse. Certains enfants atteints d'otite chronique, d'obstruction plus ou moins manifeste de l'orifice de la trompe par polype ou par amas lymphoïdes, ou par inflammation, supportent parfois des irritations douloureuses. Je n'ai pas constaté d'influence sur la guérison.
Nous avons eu à traiter des enfants dont l'état général était tel que j'ai craint de leur faire subir les effets simultanés de la dépression et du manque d'oxygène correspondant à l'altitude atteinte, et nous les avons traités en ajoutant un débit d'oxygène suffisant pour éliminer les effets de l'anoxémie. Le pourcentage de guérison n'a pas varié.
Restent les effets de la dépression que nous considérons comme agent principal du « stress ». En cours de vol, assurant le pilotage, je confiais les enfants à la surveillance d'une infirmière spécialisée, mon contrôle se limitant à l'aspect et à quelques réactions de l'enfant : variations du pouls et, chez les nourrissons, de la tension de la fontanelle. À ma grande surprise, j'ai constaté que celle-ci, au lieu de se tendre à mesure que la dépression augmentait, accusait une concavité plus ou moins marquée.
Même constatation, mais apparemment plus logique, pour la recompression. Je me suis attaché au contrôle de ce symptôme, observant moi-même ou demandant aux personnes accompagnatrices, qui ne pouvaient avoir d'idées préconçues, de le faire. Le résultat est le suivant : la variation de pression positive ou négative est marquée par une dépression de la fontanelle. Pour une altitude inférieure à 2 000 mètres, dans le cas de la dépression, cette incurvation cesse dès que cesse cette influence. Pour une altitude supérieure, elle reste en général plus ou moins marquée tant que la dépression est maintenue. Si l'on crée une dépression régulière correspondant par exemple à un gain d'altitude de 3 mètres par seconde, la fontanelle se déprime en même temps que le pouls s'accélère nettement, puis tout rentre dans l'ordre vers l'altitude de 2 000 mètres. Un phénomène analogue réapparaît à partir de 2 500-3 000 mètres, accompagné d'un rythme respiratoire quelquefois extrêmement rapide, prenant parfois une allure Cheyne-Stokes quand l'enfant s'endort.
Alors que le seuil de 3 000 m est considéré comme seuil de l'anoxémie, il paraît exister un seuil vers 2 000 m qui séparerait deux modes différents de réaction aux variations de pression : stimulation en-dessous de 2 000 m, souffrance à partir de cette altitude.
Les variations de tension de la fontanelle marquent des variations importantes de tension infra-crânienne dont je n'ai pu trouver confirmation documentaire. Il est logique de penser qu'elles agissent comme « stress » sur les régulations hypophysaires.
Conclusions
L'action sur l'homme des différents facteurs mis en jeu par le vol réel ou fictif à des altitudes limitées à 4 000 m peut être interprétée comme un « stress ». Les effets de cette agression suivant son intensité, sa brusquerie, sa durée, sa répétition, déterminent des réactions dans le cadre du syndrome général d'adaptation de Selye.
Parallèlement aux modifications biologiques, sont indiscutablement constatées des améliorations et même des régressions définitives de certains cas pathologiques.
Les guérisons spectaculaires obtenues dans la coqueluche et certains asthmes sont dues en majeure partie à la poussée catabolique (lyse cellulaire, apparition dans le sang de produits de désintégration) suivie ou concomitante d'une réaction du lobe antérieur de l'hypophyse : sécrétion d'hormone corticotrope A.C.T.H. déterminant l'entrée en action de la cortico-surrénale dans ce sens.
Ces phénomènes sont déclenchés par le « stress » dû à l'anoxémie, mais surtout par celui de la dépression et peut-être son complément obligatoire : retour à la pression normale.
À la lumière des acquisitions récentes de l'endocrinologie, une étude systématique sur l'effet de la dépression sur l'homme à basse altitude pourrait apporter une contribution importante à l'utilisation d'un agent thérapeutique efficace d'autant plus intéressant que son action ne vise qu'à utiliser et renforcer les moyens de défense naturelle de l'organisme.
Dans le domaine de l'endocrinologie pure, le déclenchement d'une régularisation endocrinienne sous l'influence de l'altitude provoquée dans le caisson à dépression peut servir de bases à de nombreuses études ; l'excitation ou l'inhibition concomitante de la sécrétion hormonale ou de toute autre activité d'un organe participant au jeu régulateur doit perturber le résultat final permettant de mettre en évidence et ainsi mieux connaître sa fonction ou celle d'une autre glande participant à cette régulation.
« Médecine Aéronautique », tome 5, n° 1, 1er trimestre 1950.
« Les variations de l'équilibre endocrinien au cours des vols thérapeutiques », par le Dr Crochet (Reims).
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